Léonard

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18 oct. 2023

Bali a tout changé

Enfants balinais
Enfants balinais

Enfants balinais en tenue traditionnelle, quelque part entre Ubud et les rizières

Travel

Le départ

En 2023, je pose les pieds à Bali pour la première fois. C’est mon premier voyage solo, aussi loin. J’ai 30 ans passés, une envie de voir autre chose, mais sans trop savoir ce que je cherche. J’atterris à Denpasar, un endroit déserté par les touristes, sans carte postale ni plages instagrammables. C’est là que tout commence.

Je voulais découvrir le vrai visage d’un pays, alors j’ai pris le temps. Trois jours à marcher dans les rues grouillantes, au milieu d’une circulation anarchique et de marchés improvisés, entre les odeurs d’encens et de poubelles. Les gens vivent dehors. Il n’y a pas de rapport de force, pas d’agressivité, personne ne cherche rien de moi. Et ça, c’est bouleversant.

L’œil pas encore affûté mais déjà attiré, je prends mes premières photos. Je commence à sentir que je ne suis plus sur la même planète. Ce n’est pas une destination, c’est un autre monde. Et je comprends que je suis venu chercher ça : un changement de prisme.

Trois jours plus tard, je monte plus au nord, à Ubud. Première escapade, premier Grab. Et là, c’est un deuxième choc : une chambre d’exception, une piscine à débordement, la vue sur les rizières, les palmiers, je me fais livrer des smoothie bowls, tout ça pour quelques euros. Le soir, le ciel devient orange, les oiseaux chantent, l’encens flotte dans l’air chaud. Je comprends vite que je ne pourrai plus faire machine arrière : je veux vivre comme ça. Je veux me donner le droit de créer une vie douce, simple et lumineuse. En trois jours, Bali m’a touché au cœur, et je sens que ce n’est que le début.

La chute

Je m’installe quelques semaines à Canggu pour essayer de structurer une vie : travailler, m’entraîner, visiter, trouver un rythme. Mais je n’y parviens pas. L’alimentation, le sport, les habitudes, rien ne tient.

Et puis je tombe en scooter, une glissade en rentrant d’un footing. Brûlures au dos et aux bras, immobilisation, douleur, solitude. L’Indonésie devient tout à coup beaucoup plus rude. Je suis seul, loin et vulnérable. Le genre de moment où tout peut basculer. Et pourtant, c’est là que des rencontres précieuses apparaissent : Charlène, Souf et Clément, trois âmes avec qui je noue un lien profond. Plus tard, on se retrouvera sur les îles Gili, à partager la vie comme si on s’était toujours connus.

Cette chute, je ne l’oublierai jamais. Elle m’a montré que le voyage, ce n’est pas juste la liberté, c’est aussi la cassure, l’imprévu. Et c’est dans ces failles-là que naissent les vrais liens, les vraies histoires et, surtout, une vraie connaissance de soi.

Je décide alors de lâcher l’idée d’une routine. J’abandonne mon Airbnb confortable, le surf, et les cafés stylés. Je prends mon scooter et je pars l’aventure. Je traverse Bali : Munduk, Lovina, Batur, Amed, Uluwatu… et tout ce qui les relie.

C’est à Munduk que je vis la grâce : courir dans la jungle le matin, entendre les bruits des animaux, nager dans une piscine suspendue, manger dans les warungs familiaux, me perdre dans la jungle et les cascades. Je suis heureux, profondément. Je me sens libre, aligné, à ma place. Je découvre l’instinct comme boussole. Je suis guidé par autre chose et ça fonctionne.

La leçon

Pourtant, au milieu de cette liberté retrouvée, je tente une pause : une semaine à Canggu. Un retour pour surfer, bosser, me poser. Une sorte de retour à l’équilibre que je n’ai pas réussi à obtenir au début du voyage. Je m’obstine, et tout va de travers.

Les vagues sont mauvaises, l’hostel est bruyant et surtout, on me vole mon appareil photo. Mon outil, mon compagnon, mon lien avec ce que je vis. La pièce centrale de mon voyage.

C’est un coup dur, violent, profond. Cette perte me hante encore aujourd’hui, mais elle me révèle une chose essentielle :

À chaque fois que j’ai voulu contrôler, la vie m’a échappé.
Lorsque j’ai lâché prise, la vie m’a porté.

Le retour

Un an plus tard, je suis revenu. Plus apaisé, plus solide aussi. J’avais voyagé entre-temps mais cette envie de retrouver Bali était plus forte que tout. Ce n’était pas un caprice, c’était un appel. Mais cette fois, je ne venais pas chercher un déclic, je venais vivre la suite.

Je traverse l’île de Java d’ouest en est, en train et en deux roues. Je passe par Bali pour vivre un mois d’équilibre réussi à base de sport, alimentation, sommeil et surf. Ma revanche sur l’année passée. Puis je poursuis à Lombok. Je fais le tour de l’île, mais la saison des pluies est déjà là, et je ne vibre pas. Ça ne fonctionne pas. Avant, j’aurais insisté, je serais resté, mais cette fois, j’écoute. Alors je repars, et retourne à Bali. Je m’installe dans les reliefs de Sidemen, et je termine le voyage là, dans le silence, le vert, la paix.

Ce voyage m’a appris que le bonheur ne se contrôle pas, il se vit. Et parfois, il faut tomber, perdre, lâcher pour se retrouver.

Aujourd’hui encore, une partie de moi est restée là-bas, et elle respire.

Le départ

En 2023, je pose les pieds à Bali pour la première fois. C’est mon premier voyage solo, aussi loin. J’ai 30 ans passés, une envie de voir autre chose, mais sans trop savoir ce que je cherche. J’atterris à Denpasar, un endroit déserté par les touristes, sans carte postale ni plages instagrammables. C’est là que tout commence.

Je voulais découvrir le vrai visage d’un pays, alors j’ai pris le temps. Trois jours à marcher dans les rues grouillantes, au milieu d’une circulation anarchique et de marchés improvisés, entre les odeurs d’encens et de poubelles. Les gens vivent dehors. Il n’y a pas de rapport de force, pas d’agressivité, personne ne cherche rien de moi. Et ça, c’est bouleversant.

L’œil pas encore affûté mais déjà attiré, je prends mes premières photos. Je commence à sentir que je ne suis plus sur la même planète. Ce n’est pas une destination, c’est un autre monde. Et je comprends que je suis venu chercher ça : un changement de prisme.

Trois jours plus tard, je monte plus au nord, à Ubud. Première escapade, premier Grab. Et là, c’est un deuxième choc : une chambre d’exception, une piscine à débordement, la vue sur les rizières, les palmiers, je me fais livrer des smoothie bowls, tout ça pour quelques euros. Le soir, le ciel devient orange, les oiseaux chantent, l’encens flotte dans l’air chaud. Je comprends vite que je ne pourrai plus faire machine arrière : je veux vivre comme ça. Je veux me donner le droit de créer une vie douce, simple et lumineuse. En trois jours, Bali m’a touché au cœur, et je sens que ce n’est que le début.

La chute

Je m’installe quelques semaines à Canggu pour essayer de structurer une vie : travailler, m’entraîner, visiter, trouver un rythme. Mais je n’y parviens pas. L’alimentation, le sport, les habitudes, rien ne tient.

Et puis je tombe en scooter, une glissade en rentrant d’un footing. Brûlures au dos et aux bras, immobilisation, douleur, solitude. L’Indonésie devient tout à coup beaucoup plus rude. Je suis seul, loin et vulnérable. Le genre de moment où tout peut basculer. Et pourtant, c’est là que des rencontres précieuses apparaissent : Charlène, Souf et Clément, trois âmes avec qui je noue un lien profond. Plus tard, on se retrouvera sur les îles Gili, à partager la vie comme si on s’était toujours connus.

Cette chute, je ne l’oublierai jamais. Elle m’a montré que le voyage, ce n’est pas juste la liberté, c’est aussi la cassure, l’imprévu. Et c’est dans ces failles-là que naissent les vrais liens, les vraies histoires et, surtout, une vraie connaissance de soi.

Je décide alors de lâcher l’idée d’une routine. J’abandonne mon Airbnb confortable, le surf, et les cafés stylés. Je prends mon scooter et je pars l’aventure. Je traverse Bali : Munduk, Lovina, Batur, Amed, Uluwatu… et tout ce qui les relie.

C’est à Munduk que je vis la grâce : courir dans la jungle le matin, entendre les bruits des animaux, nager dans une piscine suspendue, manger dans les warungs familiaux, me perdre dans la jungle et les cascades. Je suis heureux, profondément. Je me sens libre, aligné, à ma place. Je découvre l’instinct comme boussole. Je suis guidé par autre chose et ça fonctionne.

La leçon

Pourtant, au milieu de cette liberté retrouvée, je tente une pause : une semaine à Canggu. Un retour pour surfer, bosser, me poser. Une sorte de retour à l’équilibre que je n’ai pas réussi à obtenir au début du voyage. Je m’obstine, et tout va de travers.

Les vagues sont mauvaises, l’hostel est bruyant et surtout, on me vole mon appareil photo. Mon outil, mon compagnon, mon lien avec ce que je vis. La pièce centrale de mon voyage.

C’est un coup dur, violent, profond. Cette perte me hante encore aujourd’hui, mais elle me révèle une chose essentielle :

À chaque fois que j’ai voulu contrôler, la vie m’a échappé.
Lorsque j’ai lâché prise, la vie m’a porté.

Le retour

Un an plus tard, je suis revenu. Plus apaisé, plus solide aussi. J’avais voyagé entre-temps mais cette envie de retrouver Bali était plus forte que tout. Ce n’était pas un caprice, c’était un appel. Mais cette fois, je ne venais pas chercher un déclic, je venais vivre la suite.

Je traverse l’île de Java d’ouest en est, en train et en deux roues. Je passe par Bali pour vivre un mois d’équilibre réussi à base de sport, alimentation, sommeil et surf. Ma revanche sur l’année passée. Puis je poursuis à Lombok. Je fais le tour de l’île, mais la saison des pluies est déjà là, et je ne vibre pas. Ça ne fonctionne pas. Avant, j’aurais insisté, je serais resté, mais cette fois, j’écoute. Alors je repars, et retourne à Bali. Je m’installe dans les reliefs de Sidemen, et je termine le voyage là, dans le silence, le vert, la paix.

Ce voyage m’a appris que le bonheur ne se contrôle pas, il se vit. Et parfois, il faut tomber, perdre, lâcher pour se retrouver.

Aujourd’hui encore, une partie de moi est restée là-bas, et elle respire.

Léonard